Sandrine Dumazer
La psychopathie
« Celui-là c’est un vrai psychopathe ! »…

Mais qu’est-ce qu’un psychopathe ?
Beaucoup de termes relevant du jargon de la psychiatrie sont de plus en plus employés dans le langage courant. Il n’est pas rare de conclure que l’on a affaire à un schizophrène si l’on croise une personne entrain de parler toute seule dans la rue, ou de qualifier un(e) conjoint(e) de complètement parano dès lors qu’il/elle s’inquiète un peu trop pour un simple retard. De même, qui n’a pas entendu telle ou telle personne être traitée de borderline ou d’hystérique selon les situations ? Parmi ces différentes références au monde de la psychiatrie, il est une forme de personnalité pathologique qui suscite très souvent la peur tout autant que la fascination : la personne qualifiée de psychopathe !
Mais au fond, qu’est-ce que la psychopathie ?
On parle de personnalité psychopathique ou de personnalité antisociale, voire dyssociale.
On estime aujourd’hui que les personnalités psychopathiques représentent environ 4% de la population. On reconnaît ces individus par le fait que leurs comportements sont en désaccord avec les normes et les contraintes sociales qu’ils méprisent ouvertement. Ce mépris génère une réelle inadaptation socioprofessionnelle (élément fondamental du diagnostic) et une instabilité également sur le plan affectif. Les relations professionnelles ou affectives sont vouées à ne pas se maintenir dans le temps. Il y a inévitablement rupture alors même que ces individus n’ont généralement pas de problème pour entrer en contact avec autrui. L’autre est cependant appréhendé comme un objet pouvant servir ses besoins, voire comme un ennemi à combattre et détruire.
Cette personnalité se caractérise par une instabilité et une intolérance majeures en particulier lorsqu’elle est confrontée à la frustration ou à un cadre formel. L’impulsivité (parfois exprimée sous forme de violence), l’absence de culpabilité ou l’incapacité de tirer des leçons de ses expériences passées font aussi partie des traits de cette personnalité. Le passage à l’acte, brutal, répond à une pulsion irrépressible et à un sentiment très fort de persécution. En dehors des moments forts, le psychopathe tend à s’ennuyer, faute d’une dynamique interne pouvant le pousser à l’action.
La psychopathie se développe souvent précocement (à l’adolescence, premières conduites antisociales se manifestant par des conflits chroniques avec l’autorité, des expériences toxicomaniaques, des vols…). A l’âge adulte, le psychopathe mène souvent une vie parasitaire, et demeure dans des conduites de délinquance ; il s’installe dans des comportements irresponsables.
La prise en charge médicamenteuse (neuroleptiques) s’accompagne d’une psychothérapie (le traitement est demandé par une institution : hôpital, prison, injonction du juge). La prise en charge fait l’objet de controverses, notamment eu égard à la pertinence de la psychothérapie avec ce type de population. La prévention reste par ailleurs difficile ainsi que le suivi thérapeutique (les patients ne suivent pas toujours leur traitement d’autant qu’ils ne sont jamais demandeurs de soins).
Jean Philippe Roussac - Psychologue à Loriol du Comtat https://www.psychologue-jean-philippe-roussac.fr/